- gratuité
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• 1350 « exemption »; lat. gratuitas1 ♦ Caractère de ce qui est gratuit (1o), bénévole, et spécialt non payant. La gratuité de l'enseignement.2 ♦ Fig. Caractère de ce qui est injustifié, non motivé ou désintéressé. La gratuité d'une insulte, d'une accusation. « la gratuité, l'insouciance et le détachement » (Romains).⊗ CONTR. Intérêt. Cherté. Utilité.Synonymes :- bénévole- gracieuxContraires :- payant- rétribuéQui est accordé d'une manière désintéresséeSynonymes :- désintéresséQui n'est ni motivé ni justifiéSynonymes :- immotivé- injustifiéContraires :- fondé- justifié- motivégratuitén. f. Caractère de ce qui est gratuit. La gratuité de l'enseignement.⇒GRATUITÉ, subst. fém.Fait d'être gratuit.A. — 1. Caractère de ce qui est fait ou donné, de ce dont on peut profiter sans contrepartie pécuniaire. La gratuité et la laïcité ou neutralité de l'enseignement (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 180). Les passagers payants (...) c'est-à-dire ceux qui ne jouissaient ni de la gratuité militaire, ni des arrangements bureaucratiques (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 142).2. P. ext. Caractère de ce qui est fait ou donné sans contrepartie, sans recherche de compensation. La gratuité de la prédestination (Ac.). La gratuité absolue des dons de Dieu (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 240). Sentiments (...) sublimés chez l'homme, et susceptibles de gratuité (GIDE, Feuillets d'automne, 1949, p. 311).B. — 1. Caractère de ce qui ne repose sur rien, de ce qui n'est pas fondé, justifié. Gratuité d'une hypothèse. Le défi à l'intellectualisme résidant (...) dans la gratuité de chaque affirmation (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 41).2. Caractère de ce qui est fait sans but déterminé, de ce qui constitue une fin en soi; caractère de ce qui ne sert à rien. Gratuité de l'art pour l'art. Une métaphysique de l'absurde ne peut conduire qu'à une morale de la gratuité et à une attitude esthétique, fictive, imaginaire à l'égard de l'action (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 306). J'avais demandé (...) si la musique était un art tout de gratuité, ou si on devait la tourner vers l'efficacité (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 173) :• De même que ma liberté néantisante se saisit elle-même par l'angoisse, le pour-soi est conscient de sa facticité : il a le sentiment de son entière gratuité, il se saisit comme étant là pour rien, comme étant de trop.SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 126.Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Ca 1350 « exemption de payer » (G. LE MUISIT, Poésies, I, 271 ds T.-L.); 1460 « action d'accorder quelque chose par faveur » aucun don ou gratuité (Let. remiss. in Reg. 190 Chartoph. reg. ch. 118 ds DU CANGE); en partic. 1. av. 1755 « caractère de ce qui est désintéressé » (ST-SIMON, 254, 161 ds ROB.); 2. 1866 « caractère de ce qui s'obtient sans payer » la gratuité de l'enseignement primaire (LITTRÉ); 3. 1884 « caractère de ce qui est injustifié, non motivé » (PÉLADAN, Vice supr., p. 123 : afin que la jactance de la provocation et sa gratuité augmentât son irritation). Dér. sav. du lat. class. gratuitus, gratuit; cf. le lat. médiév. gratuitas « faveur » ca 1273 (ds LATHAM), lui-même formé sur gratuitus. Fréq. abs. littér. : 95.
gratuité [gʀatɥite] n. f.ÉTYM. 1350, « exemption »; sens 1., 1440; lat. gratuitas, de gratuitus. → Gratuit.❖2 (Déb. XVIIIe). || La gratuité (de…). Caractère de ce qui est gratuit (1.), désintéressé, et, spécialt, non payant. || La gratuité d'un bienfait, d'une faveur.1 La réflexion, venant sur l'effort du sacrifice, sur son entière gratuité (…)♦ Caractère de ce qui est gratuit, non payant. || La gratuité de qqch., d'un service. || Gratuité de l'enseignement.2 La seule espèce d'instruction que la société doive, avec la plus entière gratuité, est celle qui est essentiellement commune à tous parce qu'elle est nécessaire à tous.3 (1884). Caractère de ce qui est injustifié, non motivé ou désintéressé (⇒ Gratuit, 2. et 3.). || La gratuité d'une insulte. — Gratuité d'un acte; d'une œuvre. ⇒ Désintéressement, détachement.3 Toute la gratuité, l'insouciance, le détachement qu'il pourrait y avoir, sans cette amertume, sans cette imbibition de tout par l'amertume.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 184.4 (…) les lecteurs bourgeois entendent à leur façon ce que l'écrivain nomme la gratuité de son œuvre : pour celui-ci c'est l'essence même de la spiritualité et la manifestation héroïque de sa rupture avec le temporel; pour ceux-là un ouvrage gratuit est foncièrement inoffensif, c'est un divertissement (…)Sartre, Situations II, p. 176.5 Les gens devenaient méfiants à présent. Ils étaient tellement gavés d'ennuis, de soucis, d'une télévision stupide, de journaux insanes qu'ils n'avaient plus aucune notion de gratuité.F. Sagan, la Chamade, p. 191.❖CONTR. Intérêt. — Cherté. — Utilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.